À PARAÎTRE
Consignées depuis 2009, les notes d’atelier d’Agnès Thurnauer participent pleinement de sa recherche et mènent de plain-pied vers le lieu actif de sa création. Cet ouvrage dévoile – au fil des jours, des événements et des rencontres – des pensées, saisies sur le vif, au centre de sa pratique, qu’elle questionne à travers une matière vivante qui abreuve tout son art.
Préface de Tiphaine Samoyault
L’ouvrage présenté aujourd’hui est la traduction intégrale de deux livres : Saturated Blue, paru chez Lapis Press (maison d’édition fondée par l’artiste), peu de temps avant sa mort, et Cobalt Blue, ouvrage publié par la Sam Francis Foundation en 2019, qui est la retranscription des textes trouvés dans son atelier après son décès - poèmes, notes, pages de carnets ou encore journaux.
Traduit de l’anglais par Bruno Krebs
Introductions de Pontus Hulten, Nancy Mozur et Jaime Robles
Articles et entretiens, 1924-1987
L’écriture d’Hélion, par sa constance, sa maîtrise et sa modestie, par son sens de la formule et sa manière de s’adresser directement au lecteur, par l’insertion de sa pensée dans le cours du travail quotidien et dans celui du monde, par l’âpreté de ses critiques sur son métier et sur celui de ses confrères, constitue bel et bien une œuvre autonome qui n’est, au regard de la peinture, ni majeure ni mineure.
Ce volume, qui manquait à l’ensemble déjà connu, reprend les nombreux textes – poétiques, critiques, théoriques ou historiques – publiés par Hélion surtout dans des revues (Art concret, Abstraction Création, Cahiers d’art, Axis, Volonté, Preuves…), mais aussi dans des catalogues ou des ouvrages collectifs. Une dizaine de textes, initialement publiés en anglais, sont traduits pour la première fois.
Présentations par Pierre Brullé et Fabrice Hergott.
« Rupture, cassure, décalage, échappée, dissidence sont les mots-clés de l’histoire de l’art moderne. Depuis Manet et Cézanne, l’art rompt avec son milieu, rompt avec la tradition, rompt avec les idées ou les valeurs dominantes. Que reflète alors cet art déchaîné hormis sa propre errance ? Existe-t-il, sinon des liens tenaces, à tout le moins quelques fils ténus qui rattachent encore l’œuvre à une histoire qui ne serait pas seulement celle des artistes, de leur production ou de leur ghetto ? »
« Soit un sarcophage romain. On le visite au Louvre, aile Denon, Galerie Daru. Son cartel mentionne que le bas-relief qui orne sa face antérieure illustre le thème – aujourd’hui méconnu – d’Achille chez le roi Lycomède. » Pour explorer le bas-relief de ce sarcophage, James Bloedé propose une approche guidée par l’observation de la composition des figures, élevant cet objet d’étude en illustration de méthode, féconde, partant de l’analyse des formes pour la confronter ensuite au sujet représenté – rencontre de l’image fixe avec le temps de la narration – et rejoindre ainsi le génie propre d’un artiste : le pouvoir de la composition. Cet ouvrage constitue donc à la fois l’étude d’une œuvre et un traité par l’exemple.
Les gravures d’Albrecht Dürer (1471-1528) font sans aucun doute partie des œuvres les plus célèbres, les plus influentes et les plus commentées de l’histoire de l’art – on se souviendra par exemple de l’important essai de Panofsky consacré l’artiste germanique. Cette diffusion a produit de multiples exégèses (parfois contradictoires), qui posent nécessairement la question de la façon d’aborder une telle œuvre aujourd’hui, dans laquelle la virtuosité va de pair avec une complexité, voire une ambiguïté, qui désarçonne les nombreuses tentatives d’interprétation iconologiques. L’ouvrage de Patrick Genevaz est une forme de réponse évidente : pour approcher le travail de Dürer, il faut le regarder attentivement. « Ce dédale des interprétations nous amène à revenir sur les images elles-mêmes, tout comme on revient sur un poème que l’on croit retenir, ou une partition à relire avant de jouer. »
Jeune mariée enceinte de son premier enfant, Sylvie accouche d’un garçon qui meurt dans les premiers instants de sa vie. Dix-huit mois plus tard, le 10 juin 1819, Gustave Courbet vient au monde. Cinq sœurs arrivent après lui. Il est le second, seul garçon survivant d’une fratrie endeuillée à l’origine par la mort à la naissance du frère aîné. En quête de son identité, il bataille alors contre ce spectre dans les yeux de sa mère. Le fait de savoir qu’il est celui qui vient au monde après ce drame change-t-il quelque chose dans notre rencontre avec l’œuvre de Courbet ?
Préface d’Yves Ravey
Aux discours et controverses de l’histoire de l’art, Guy Boley substitue l’histoire d’une vie, faisant de l’existence et de l’œuvre du peintre Rogier Van der Weyden (1399-1464) – de ceux qu’on nomme « primitifs flamands » et qui fut l’auteur d’une prodigieuse Descente de Croix qu’on lui commanda en 1435 – un récit vivant, sensible et libre. Suivant le fil des événements connus, s’appuyant sur les faits et interrogeant les événements que nous relatent les spécialistes, c’est un regard au présent qui aussitôt se porte vers ce maître issu d’une famille d’humbles artisans, que rien ne prédestinait à la tâche, tentant de rejoindre l’énigme qui sous-tend la création artistique devant la destinée tragique et partagée des hommes.
« Beautés » n° 19
Ce nouveau volume de la collection « Beautés » rassemble, dans sa démarche pluridisciplinaire habituelle, huit textes pour questionner, approcher, ressaisir la notion du fragment dans l’art – fragmentation qui n’est souvent que le reflet de celle de la vie intérieure éclatée, ou de celle extérieure soumise au temps qui désassemble les unités. Un regard multiple, jamais indifférent, varié dans les conceptions et les sensibilités diverses des époques, qu’il s’agit de traverser par morceaux, pour en rejoindre le plein sens.
Ouvrage collectif sous la direction de François-Marie Deyrolle & Camille Saint-Jacques
« De quoi l’art brut est-il le nom ? », colloque organisé à Cerisy du 18 au 22 mai 2022, s’inscrit dans un contexte où les débats sur le terme d’art brut et la reconnaissance des œuvres qui lui sont associées progressent de concert. Décloisonnement des catégories artistiques, esthétiques de la réception, motivations et agentivité du geste créateur ont constitué autant de domaines de recherche et d’expérimentation autour desquels a gravité la plupart des interventions, mettant ainsi la recherche sur l’art brut au diapason des questions les plus actuelles de la recherche contemporaine et du monde de l’art.
Collectif, sous la direction de Christian Berst & Raphaël Koenig
À l’issue d’une lente rupture avec les normes du passé d’un XIXe siècle « sulpicien », vécue comme une période d’échec pour la relation entre l’art et la foi, la vitalité de l’architecture sacrée en Alsace se traduit au XXe siècle par la construction de nombreux sanctuaires remarquables. Ce livre rassemble une sélection d’œuvres d’architectes encore peu connue du public. Il montre que la période étudiée est extrêmement riche pour l’architecture, annonciatrice des prémisses d’une architecture moderne diversifiée dans son expression et multiple dans son propos.
Célébrer la Terre, c’est d’abord trouver une langue qui puisse en recueillir la puissance autant que le mystère, et retourner sa terre comme une main enfouie, pour en sentir et en explorer le sens. Chaque poème d’Albane Gellé relance ainsi, dans un hymne en perpétuel développement, l’accueil et l’appel face à cette entité surabondante qui s’offre et se refuse à la fois, dans son immédiateté sensuelle et sa circulation ininterrompue de vie qui la foule.
Avec des dessins de Nelly Buret
Lorsque Rilke, lisant Hélian, conçut que Georg Trakl avait « construit » le poème « sur ses silences » ou, mieux encore, entouré de clôtures « l’infinie non-parole », il ouvrit de nouveaux espaces à la musique de la pensée. Pour Laurent Fassin, ces espaces abritent les absents, les disparus, et les fantômes privés d’une ultime demeure. La structure phonique, le rythme et le sens qui fondent le poème les inscrivent sur une carte du ciel, laquelle devra sa justesse et son étendue à la seule mémoire. Que cette mémoire se consume, se perde puis disparaisse, c’est la poésie qui s’effacera avec elle. Au souffle donc de révéler la douceur rouge des étoiles, dont parlait Georg Trakl dans son poème À un jeune mort, et de l’incarner.
Peintures de Benoît de Roux
Carnet d’Yport est un chant clair, calcaire et poreux comme la craie, rude et polymorphe comme le silex qui finit sa course, de pierre en galet, sur les grèves. Ouvert par une variation géologique à la façon d’une fugue, il se referme sur une coda. Dans sa profusion de voix et de tons, croisant prose poétique, vers libres et rondels, le livre boucle une trilogie du Caux, commencée en 1999 avec Valleuse, puis Escorter la mer en 2004, et permet au poète du paysage une traversée de ses lieux élargie.
Animaleries est un recueil engagé : une poésie de la colère d’un homme blessé par ce dont est capable l’humain. Profondément sensible à la maltraitance et à la souffrance animale que banalise notre société – celle de la surconsommation, du spectacle et de l’anthropocentrisme – il fallait à l’auteur une langue déchirée par la révolte, inspirée par cette violence admise, une écriture qui ne transige pas avec les atrocités, pour enfin déciller la conscience endormie sous des proses quotidiennes et lénifiantes. « Âmes sensibles, ne pas s’abstenir » !
Dessins de Mélanie Delattre-Vogt