À PARAÎTRE

Écrits d’artistes

Articles et entretiens, 1924-1987
L’écriture d’Hélion, par sa constance, sa maîtrise et sa modestie, par son sens de la formule et sa manière de s’adresser directement au lecteur, par l’insertion de sa pensée dans le cours du travail quotidien et dans celui du monde, par l’âpreté de ses critiques sur son métier et sur celui de ses confrères, constitue bel et bien une œuvre autonome qui n’est, au regard de la peinture, ni majeure ni mineure.
Ce volume, qui manquait à l’ensemble déjà connu, reprend les nombreux textes – poétiques, critiques, théoriques ou historiques – publiés par Hélion surtout dans des revues (Art concret, Abstraction Création, Cahiers d’art, Axis, Volonté, Preuves…), mais aussi dans des catalogues ou des ouvrages collectifs. Une dizaine de textes, initialement publiés en anglais, sont traduits pour la première fois.
Présentations par Pierre Brullé et Fabrice Hergott.

Essais sur l’art

« L’anonymat est un combat » disait Jean Clay. Une discrétion revendiquée plane sur l’existence et sur l’œuvre de celui qui a fondé les prestigieuses éditions Macula en 1980. Atopiques rassemble ses écrits sur l’art les plus importants, parus notamment dans les revues Robho et Macula qu’il a fondées avec une passion érudite, au fil des années 1960 à 1980. Des contributions des historiens de l’art Yve-Alain Bois et Thierry Davila en éclairent la portée théorique et historique.

Figures disparues , vol.2
En quoi Auschwitz a-t-il rompu les modalités traditionnelles de représentation de la figure humaine héritées de la Renaissance ? Dans quelle mesure cette rupture s’est-elle logée dans le discours moderniste au point, désormais, d’y passer en partie inaperçue ? L’art contemporain est-il un art qui se situe simplement après Auschwitz ou bien est-il, de manière plus complexe, un art d’après l’événement ?
Telles sont quelques-unes des questions qui donnent a cette Histoire de l’art d’après Auschwitz ses principales orientations. À bien des égards, en proposant une relecture critique des fondements de la modernité artistique et une généalogie de l’art contemporain, cette vaste étude se veut donc aussi une contre-histoire de l’art.

Trois peintres de la Figure est le deuxième volume de la suite Proximité du tableau, initiée en 2021 par le philosophe Paul Audi, dont l’œuvre est en grande partie consacrée à mieux cerner les questions éthiques complexes qui hantent les arts en régime de modernité. Je ne vois que ce que je regarde, le premier volume paru chez Galilée, cherchait à décrire « le miraculeux de la présence » qui peut naître de la rencontre entre un regard et un tableau. Dans ce deuxième volume, ce miraculeux a pour nom « Figure ». La Figure est ce qui émerge quand a lieu une rencontre avec un tableau, cette « entité imaginale qui me regarde ». Pour comprendre les conditions de cette fragile émergence, Paul Audi prête ici une attention passionnée aux œuvres de trois peintres contemporains : Eugène Leroy, Paul Rebeyrolle et Ronan Barrot.

Quand écrire pour des artistes est une expérience éthique avant d’être esthétique… Pas de vérité préalable, de normes au nom de quoi juger les œuvres. D’abord des relations vécues. Complicités : proximités, ententes, mais aussi différences préservées, altérités indomptables. Les œuvres parlent, dans leurs langues singulières en grande partie intraduisibles. De quoi parlent-elles ? Avec quels “mots”, quelles “phrases” ? Les pratiques créatrices des artistes ouvrent des espaces, des paysages, des horizons inédits. Elles dessinent des constellations étrangères, des entrelacs nouveaux. Comment apprendre à accompagner de telles aventures ?

Squiggle

« Je recopie les notes que j’ai prises dans l’atelier du peintre, au fil de ma discussion avec Jean-Pierre Schneider. Je laisse çà et là émerger de nouvelles phrases qui s’invitent sur mes feuilles. Mes phrases sont le liant acrylique d’une peinture. Je décide de faire le portrait de Jean-Pierre Schneider. Je tente de peindre un livre en étalant la matière de ses mots. Je m’éloigne parfois ou bien je modifie l’angle de ma présence face à eux. J’apporte du silence. Souvent, ils n’ont pas besoin de plus. Ce n’est pas tant que Jean-Pierre parle bien de la peinture. Je crois qu’il parle bien de la vie. Et il se trouve que sa vie, c’est la peinture. » Christophe Fourvel

La rencontre entre Nicolas Dufourcq et Claude Garache relèverait de l’anecdote si elle ne constituait pas un remarquable témoignage, intime et vivant, de l’existence et du travail du célèbre peintre des nus rouges. C’est en 2017 que Nicolas Dufourcq, guidé par sa profonde admiration, se décide à contacter Garache. S’en suivront six années d’échanges dans une amitié grandissante, jusqu’à la disparition de l’artiste en 2023. De ces instants partagés avec Claude et Hélène Garache, Nicolas Dufourq tient un journal, enrichi de nombreuses photographies prises sur le vif. Ces empreintes prélevées au fil des jours constituent le précieux document publié aujourd’hui, à la fois hommage à l’homme dans « tout ce qu’il est, gentillesse, respect, délicatesse », et accès privilégié à l’« atelier contemporain » dont il fut l’un des éminents artistes.

« Elle m’a regardée longuement, patiemment, radicalement. La Vénus blanche attendait tout de moi, mon attention, ma substance, mon ignorance. Une catastrophe salutaire. Des mots surgirent alors de ce terreau commun. Mon exil prit fin à cet instant précis. »
Préface de Paul Audi

Phalènes

Récit d’une fascination et exploration d’une obsession, le texte de Yannick Haenel nous plonge dans la sollicitation invincible des nus peints par Pierre Bonnard. S’immergeant quotidiennement dans leurs couleurs, contemplant et comparant d’un œil altéré la vibration salutaire de leurs tons, l’auteur « perfectionn[e] [sa] soif ». De cette rencontre se libère l’écriture parmi la multiplication entêtante des corps qui étincellent.

« Se pourrait-il qu’un événement soit ce moment si singulier qu’il prend forme et consistance dans le plus grand silence pour répondre en écho, secrètement, à bien d’autres moments […] et que tous forment alors, les uns pour les autres, et par les autres, une sorte de territoire, de constellation, où les appels deviennent accueils et les accueils appels ? »

C’est dans le sillage de tels événements fondateurs que nous entraine Franck Guyon. Au centre du récit, un événement pictural : la réalisation par Antonello de Messine d’une Vierge de l’Annonciation, à la fin du XVe siècle.

Constellations

Le critique et historien de l’art David Sylvester (1924-2001) est à la fois très connu et profondément méconnu. Figure centrale de la scène artistique londonienne durant toute la seconde moitié du vingtième siècle, ses écrits forment une somme considérable, et son nom évoque un critique passionné et impitoyable qui a fortement marqué le paysage culturel et artistique de l’Angleterre de l’après-guerre. En revanche, dans notre pays, où il n’a jamais été un personnage médiatique, l’importance et la portée de l’œuvre de Sylvester ne sont que très peu connues en dehors des illustres entretiens menés avec Francis Bacon. Les trois textes autobiographiques qui composent ce volume offrent pour la première fois au lectorat francophone l’occasion d’en apprendre davantage sur la vie et l’œuvre de David Sylvester.

Traduction et présentation d’Olivier Weil

Histoire de l’art

Rassemblant 103 Danses macabres modernes et plus de 1000 images commentées, ainsi que 13 focus thématiques, l’ouvrage de Vincent Wackenheim témoigne de la vitalité et de la pérennité d’une forme graphique ancienne que de nombreux artistes, de toutes nationalités, revisitèrent dès le XVIIIe siècle. Le fil conducteur est ici de montrer comment ceux-ci, selon les orientations stylistiques de leur temps, ont réinterprété des images iconiques installées dans les imaginaires depuis le XVe siècle, en y intégrant, à partir d’une structure originelle marquée par l’histoire religieuse, des thématiques nouvelles, sociales et politiques, tragiques et burlesques, conséquences aussi des deux guerres mondiales.

Photographie

« Durant les mois de septembre et octobre 2023, j’ai arpenté la dernière demeure de Pierre de Ronsard, le Prieuré Saint-Cosme, à La Riche, près de Tours. De qui, ou de quoi, suis-je le lecteur quand je lis Ronsard, s’est inévitablement doublé d’une autre interrogation : que puis-je photographier de ce site et de la mémoire du poète en vue d’une exposition pour les 500 ans de sa naissance ? Une évidence m’est apparue : répondre par différentes matières photographiques aux présences multiples d’un lieu où ruines et bâtiments, dont une arche superbe, se marient à un parc et des jardins. »

« Il suffit de s’abaisser, attendre et s’étonner. Viennent alors les grandes élévations. » C’est ainsi qu’on peut décrire, avec l’écrivain et botaniste Gilles Clément, la démarche photographique de Stéphane Spach, attentive aux immobilités souveraines qui trament la vie végétale des jardins, des bords de chemin, des prairies. Les Oubliées est une plongée en noir et blanc dans cette immensité insoupçonnée.

« Cette série s’inscrit dans le prolongement du projet Erdgeist, démarche née de la fréquentation de paysages dont l’intensité croît avec la latitude. Ces paysages, marqués par l’absolu et la transcendance, me portent à interroger leur mystérieuse soumission aux puissances invisibles, me référant à la culture chinoise, à la notion de vide et de plein chère à François Cheng, et au lien du pinceau et de l’encre. Je me propose ici de rendre l’immatériel contenu dans le tangible, de livrer un espace muet et originel que la thématique de l’hiver, devenue pour moi objet de culte, exprime métaphoriquement. L’irruption de l’hiver au-delà du cercle arctique avec sa puissance hostile offre à l’artiste l’opportunité d’une quête du sacré. Le dépouillement de cette saison, ses formes vouées à l’effacement, nous invite à méditer sur l’infime, le vide, le silence, à appréhender le monde réel tapi dans son invisibilité. Les sensations y rejouent perpétuellement la création du monde. » [Patrick Bogner]

Préface et entretien avec l’auteur par Daniel Payot

En mettant en scène de petits soldats de plomb affublés d’éléments issus du monde vivant – végétal comme animal - le photographe Stéphane Spach et la plasticienne Anne Vigneux poursuivent à première vue un pur mouvement ludique d’associations, constituant un bataillon jubilatoire où l’absurde sert une poésie douce et nostalgique.
Mais de ce geste qui a trait à l’enfance se dessine peu à peu une autre forme de lecture, plus grave, qui émerge d’une prise de conscience par les deux artistes des résonances attachées à la guerre, à ses traumatismes, aux séquelles dont les soldats du conflit de 1914-1918 ont été les victimes.

Littératures

Marelle est un recueil de poèmes cliniques. Psychologue clinicienne et psychanalyste, Julia Peker exerce dans un Centre Médico-Psychologique où elle reçoit enfants et adolescents. Chacun des poèmes de ce recueil reprend une consultation menée avec un enfant. Il ne s’agit pas de restituer un tableau clinique, mais de rendre hommage à la singularité de chaque rencontre. Dans sa lecture de Marelle, le poète Jean-Louis Giovannoni remarque que l’écriture de Julia Peker « travaille directement avec les parts invisibles de notre psychisme, non seulement celles qui nous fondent, mais aussi celles avec lesquelles nous envisageons le monde et notre rapport aux autres ». Marelle est un livre de poésie qui nous rappelle « qu’il faut d’abord réparer ce qui est blessé en profondeur ; bricoler s’il le faut du provisoire, bouger même si c’est de peu, et surtout tenir dans le temps… pour que le chant puisse un jour reprendre ».

Préface de Jean-Louis Giovannoni
Dessins d’Ena Lindenbaur

monde minime est le résultat d’une quête poétique et éthique exigeante, d’un effort de parole affrontant ce « mur / contre quoi s’é- / crase l’apparu, le / surgi » : une poésie serrée, crue, lucide, fruit d’une patiente maturation portée par Romain Frezzato.

Avec des dessins de Marko Velk

Transplanté du foie d’un autre, il s’agit ici de rendre compte du chemin, long de plusieurs années, qui in fine a permis que je sois sauvé, faisant de moi un être partiellement double, et hautement redevable. Avec comme acmé la nuit où eut lieu la greffe, suivie, dans l’étroitesse d’un lit d’hôpital, d’un séjour de trois semaines au sein d’un service de haute expertise, propice à un exercice d’humilité, de grâce, d’humour aussi.